Escapade Provençale

du 28 Septembre au 2 Octobre 2011


Après un passage par l’aéroport et le petit déjeuner à Poitiers, notre destinée imposait d’aller en Berry, pays de sorcellerie où la mare au diable voisine avec le sanctuaire de Neuvy.

Neuvy Saint Sépulchre
La basilique de Neuvy est un édifice intéressant au plan architectural. Elle montre une parenté étroite avec le Saint Sépulchre de Jérusalem. A l’intérieur, par contre, la collection de supports de piété est passablement « kitch »… reliquaires précieux et statues aux dédicaces improbables voisinent avec des peintures sur toile d’un jansénisme frigorifiant.

Montluçon
Les faubourgs renvoient la désolante image d’un naufrage industriel. Ca roule peut-être encore pour Dunlop, mais la cité de Montluçon est restée au fossé. Après le déjeuner, long cheminement en serpentant paresseusement à travers les bassins de la Loire et de l’Allier pour conclure par la plongée vers l’Isle d’Abeau.

Bord de Saône Lyon St Exupery Lyon Fourvière Lyon Traboule

Lyon, porte d’Italie
Avant que les urbanistes parisiens ne prennent les affaires en main au XIXème siècle, Lyon avait été pendant presque 2 millénaires, porte d’Italie et capitale des Gaules (Narbonnaise et Transalpine). Citadelle avancée du royaume de France, elle fut le point où convergèrent les armées engagées dans les opérations d’Italie et le havre où affluèrent, lors de déroutes successives, la meute des éclopés et les tombereaux de richesses moissonnées de l’autre côté des Alpes. De cette époque, date le travail des tissus précieux adossé à une production locale de la soie. Ultérieurement, dans une cité où le bouchon n’est pas de Liège, cette créativité embrassa la gastronomie, portant bien haut la cervelle de canut et le tablier de sapeur. Tandis que l’emblématique Geneviève de la Ville-Lumière rencontre Blandine de la ville des Lumières (du 8 décembre et des frères du cinéma), le Mont des martyrs fait écho à la Croix Rousse. Les voies parallèles suivies par Lyon et Paris les conduisirent toutes deux, en 1870, à tenter de conjurer l’effroi provoqué par l’invasion  des Prussiens en invoquant la protection céleste et à édifier des ex voto monumentaux surplombant la ville. La traque des similitudes poussée à l’extrême amène à constater que, si nous débarquâmes à Paris, après avoir remonté la Seine, nous avons embarqué à Lyon avant de descendre le Rhône.

Côte du Rhône Arènes Arles Nocturne Arles Nocturne Avignon Palais des Papes Avignon Palais des Papes

Château de Hers Avignon
Quoi de plus énigmatique qu’un pont rompu, figé des siècles durant sans que personne ne prenne la peine de le rétablir ?  Pour nous qui, à Nantes, évitons par expérience de danser sur les ponts, il fallait, par delà la curiosité touristique, décrypter le symbole. Ce pont sinistré illustre l’ambiguïté de la situation des papes de ce temps. Souverains temporels évoluant en 2ème division, les papes  apparaissent forts aux faibles mais sont en réalité vulnérables face à des potentats déterminés à braver les foudres de l’excommunication pour garder la haute main sur leurs sujets. Le conflit récurrent entre les empereurs et les papes ou l’alliance du « Roi très chrétien » ( François 1er ) avec le grand Turc sont des exemples éclatants de cette tension. Pour sa protection, le pape est contraint d’ériger des forteresses tout en menant une subtile politique de balance entre les princes de son époque. A leur endroit, le meilleur atout dont il dispose est son pouvoir, non contesté, de faire ou d’annuler les mariages de tous ces monarques soucieux d’inscrire la légitimité de leur descendance dans le droit divin… mais les ponts, comme les digues, finissent par céder un jour aux tempêtes et Henri VIII d’Angleterre, tel le compagnon de Clovis, vint à casser le vase précieux du pape. Le pouvoir de la papauté, déjà miné par la défection des princes qui avaient embrassé le parti de la Réforme, n’était pas de taille à supporter la perte de l’un de ses plus solides soutiens. L’insubordination des puissants amena le déclin brutal de l’ influence politique du pontife.

Nîmes Maison Carrée Arles et Nîmes
Des arènes de ces 2 villes, nous n’avons fait que le tour extérieur, ce qui est l’attitude qui sied le mieux à qui n’est pas torero… Arles, de la période romaine à Jeanne Calment, a maintenu la tradition des antiquités tandis que Nîmes, qui a un crocodile pour totem, a été administrée fort longtemps par le président-fondateur de Cacharel, Jean Bousquet.
Arènes de Nîmes

Camargue
Le riz et les taureaux de manade ont répondu « présent » ce qui n’a pas été le cas du taureau ailé qui nous a joué l’Arlésienne. Il faut reconnaître qu’en matière de volatiles,  le bilan est mitigé puisque les flamants roses, déjà plutôt discrets par le nombre, se sont « faits porter pâle ». Par bonheur, à cette période de l’année, l’affluence aux Saintes-Maries-de-la-Mer est d’un niveau supportable. Ceci nous a préservés des chromos du genre, « Gypsy Kings » ou « opérettes marseillaises ». Il n’y a donc pas lieu de suspecter que le mariage avec escorte de gardians, dont nous avons été les spectateurs, ait été une manifestation organisée par le syndicat d’initiative.
Camargue Camargue

Ste Marie de la Mer Ste Marie de la Mer Ste Marie de la Mer

Carcassonne Carcassonne
Immanquablement, la cité médiévale de Carcassonne fait penser à Fort Boyard. Comme ce dernier, c’est un ouvrage à destination militaire qui n’a jamais été mis à l’épreuve… succès de la théorie de la dissuasion avant qu’elle ne soit publiée. Il reste un bel ensemble, romantiquement remanié par Viollet-le-Duc, qui constitue un superbe décor de film. Après, il restait à prendre la destination du Nord dans notre car magnifique, non sans une pensée pour Charles Trenet dont « la superbe auto  vrombissait sur la route de Narbonne et éclairait les tours de Carcassonne ».

Groupe Carcassonne